La pieuvre « Octopus vulgaris»L.

 

A.                       Présentation :

 

La pieuvre commune, aussi appelée par les scientifiques Octopus vulgaris L appartient à la classe des céphalopodes (ce mot signifie tête et pied). Elle est un des mollusques les plus évolués. Elle est certainement l’un des céphalopodes les plus répandus et les plus connus. Le philosophe grec Aristote l’identifiait déjà parmi les autres espèces de la Méditerranée orientale.

 

·        Anatomie :

 

Externe :

 

1.    Corps : Aussi appelé manteau.

-         Le corps est situé à l’une des extrémités de la pieuvre.

-         Sur la face ventrale du manteau s’ouvre une large fente : la fente palléale qui laisse entrer l’eau de mer dans la cavité palléale.

-         De la fente sort le tuyau de l’entonnoir dont la partie inférieure est évasée. C’est de ce tuyau que l’eau est expulsée pour que la pieuvre puisse se propulser.

 

2.   Tête rattachée au corps :

-         Les deux yeux de la pieuvre sont situés latéralement sur la tête : ces yeux sont à iris horizontal.
La vision s’accommode des changements de luminosité mais la pieuvre ne distingue pas les couleurs. Cependant elle voit de près comme de loin.

-         Le bec : « Bec de perroquet ». Situé dans le bulbe buccal, il comprend deux mandibules, l’une supérieure, l’autre inférieure, chacune de forme différente. Très puissantes, elles permettent à la pieuvre de déchiqueter les carcasses de crabes.

 

3.   Bras :

-       La pieuvre possède huit bras ou tentacules, dont l’un est l’organe reproducteur chez le mâle (le troisième). Ceux-ci peuvent repousser s’ils sont amputés.

-       Sur chaque bras il y a une double rangée de ventouses

-       Les ventouses servent à intimider les intrus et permettent à l’animal de s’accrocher au fond ou d’immobiliser ses proies.   
Les ventouses forment des sortes de chambres entourées de parois musculaires, avec un anneau adhésif dont la partie périphérique, molle, assure une adhérence parfaite.

 

4.   Membrane interbrachiale :

-       Les bras sont reliés à leur base par une membrane interbrachiale. Au centre de la couronne formée par les bras, s’ouvre le bulbe buccal, avec son bec puissant.

 

Interne :

-         La pieuvre n’a pas de squelette.

-         C’est dans le corps musculaire (ou manteau) que se trouvent les appareils digestif, branchial et génital.

-         Dans la cavité palléale se trouvent les branchies et les viscères. Dans cette même cavité près de l’entonnoir, s’ouvrent également l’anus et les orifices rénaux et génitaux (oviducte chez la femelle).

Schéma : anatomie interne

B.                      Physiologie :  (Biologie)

 

·        Nutrition et digestion :  → hétérotrophe

 

Animal carnivore, l’Octopus vulgaris se nourrit essentiellement de crustacés (crabes ou langoustes) ainsi que d’autres mollusques comme les bivalves et parfois même d’autres céphalopodes ou plus rarement de poissons.

 

L’attaque d’une proie :

-         Dès que la proie est en vue, la pieuvre lève la tête et fait face à l’intrus ; puis elle s’en approche tout doucement, en changeant de couleur. Ensuite, grâce à son système de propulsion, elle se jette sur la proie.

-         La pieuvre peut piéger plusieurs crabes dans la membrane interbrachiale (entre les bras). Elle les immobilise à l’aide des ventouses et les rassemble dans cette sorte de poche, puis les ramène dans son terrier pour les dévorer.

-         Au centre de la couronne formée par les huit bras, le bulbe buccal, organe complexe doté d’une puissante musculature, actionne deux redoutables mandibules qu’on appelle « bec de perroquet ». Ce bec permet à la pieuvre de déchiqueter sa victime avant de l’avaler. Auparavant, elle l’a paralysée à l’aide de poisons sécrétés par ses glandes salivaires. Ces glandes produisent également des enzymes qui jouent un rôle dans la prédigestion des aliments.

-         Lorsque les pieuvres se nourrissent, par exemple de mollusques à coquille, elles cherchent à percer un ou plusieurs trous dans cette coquille pour extraire plus facilement la chair de la victime.

-         En conclusion : L’alimentation de ce mollusque s’effectue grâce à une triple action des bras, de la masse buccale et des glandes salivaires. Les parties les plus dures (carapaces et coquilles) sont rejetées ; le refuge d’une pieuvre se reconnaît à l’amas de débris alimentaires qui jonchent les alentours.

 

La digestion :

-         Les aliments transitent par les organes du système digestif (jabot, estomac, caecum spiralé, glande digestive, intestin).

-         La durée du cycle digestif est d’environ 12 heures. Mais il n’est pas nécessaire que le cycle soit achevé pour qu’une nouvelle proie soit ingurgitée.

 

·        Ventilation :

 

Les branchies assurent le transfert de l’oxygène prélevé dans l’eau de mer vers la circulation sanguine. L’oxygène dissous dans l’eau traverse la fine membrane couvrant les branchies et est capté par le sang qui le transporte et le distribue à tous les organes. Le gaz carbonique fabriqué par ces organes suit le chemin inverse.

 

·        Circulation :

 

Le système circulatoire est clos, comme chez tous les céphalopodes. Le cœur artériel se compose d’un ventricule d’où partent les artères principales, et de deux auricules qui amènent le sang artériel des branchies. Un réseau capillaire relie les artères aux veines. Pour assurer une pression sanguine élevée, l’action du ventricule est renforcée par celle de deux petits cœurs branchiaux qui pompent le sang dans le système capillaire des branchies.

 

·        Système nerveux :

 

Le système nerveux et les organes des sens sont concentrés dans la région céphalique et évoquent par leur développement le cerveau des vertébrés. Cette cérébralité de la pieuvre est démontrée par ses remarquables capacités d’apprentissage.

 

·        Longévité et mesures:

 

La pieuvre vit de 12 à 24 mois, pour la femelle, et un peu plus pour les mâles.

Une pieuvre à la naissance mesure 3mm ; sa taille adulte est de 1.20m pour la femelle et 1.30m pour le mâle.

Sa masse est alors de 3kg.

Une croissance aussi rapide n’est possible que grâce à un système digestif très performant. En Méditerranée, pendant l’été, une pieuvre passe en cent jours de 200g à 1kg ; elle prend donc 7.5g par jour.

 

Corrélation entre les systèmes :

Les branchies assurent le transfert de l’oxygène prélevé dans l’eau de mer vers la circulation sanguine et l’hémocyanine. L’hémocyanine est un pigment à base de cuivre, d’origine alimentaire, qui sert au transport de l’oxygène dans tout l’organisme de la pieuvre. La pieuvre consomme beaucoup d’aliments riches en cuivre. Ce cuivre est transformé en hémocyanine dans son organisme grâce à son système digestif très performant. Celle-ci transporte donc beaucoup d’oxygène vers les cellules qui grandissent et se reproduisent vite.

 

 

 

Combustion cellulaire:

 

comburant (oxygène) + combustible (aliments) → énergie calorifique + déchets

 

Cette énergie permet de grandir, de se défendre, de se reproduire….

 

·       Reproduction : sexuée, ovipare

 

La pieuvre ne renonce à sa solitude que pour l’accouplement. Celui-ci peut avoir lieu en toute saison. Le mâle atteint la maturité sexuelle bien avant la femelle.

Le mâle s’approche de la femelle en tendant un tentacule spécial, l’hectocotyle, afin de la toucher. Le tentacule présente une gouttière profonde entre deux rangées de ventouses et se termine par une pointe en forme de cuillère.

Après le rituel de séduction, le mâle introduit son bras sous le manteau de la femelle dans la cavité palléale et les spermatophores (amas de spermatozoïdes) descendent le long de la gouttière de l’hectocotyle jusqu'à l’oviducte de la femelle où ils sont stockés. Au moment de la ponte, les ovules qui sortent de l’oviducte sont fécondés au passage par les spermatozoïdes.

Une fois prête à pondre, la femelle s’isole et nettoie soigneusement le plafond de son abri, car elle va y suspendre ses œufs, qu’elle pond en cordons. Chaque cordon, d’environ 10cm, héberge de 2000 à 3000 œufs d’environ 3mm.

Selon sa taille, la pieuvre peut pondre de cent mille à cinq cent mille œufs. La ponte dure de 15 à 30 jours et l’incubation de 24 à 125 jours, selon la température.

Les femelles prennent grand soin de leurs œufs : elles les nettoient et les irriguent, tandis qu’elles-même cessent pratiquement de se nourrir. Elles meurent généralement peu après l’éclosion, ayant perdu environ un tiers de leur masse.

Après l’éclosion les jeunes flottent à la surface de l’eau et font partie du plancton pendant environ un mois. Ils sont alors extrêmement vulnérables et victimes de tous les animaux consommateurs de plancton. Eux-mêmes se nourrissent de larves et de crevettes. Ceux qui échappent aux prédateurs et survivent se rendent ensuite vers les fonds pour mener la vie sédentaire des adultes.

 

Schéma : la reproduction de la pieuvre

 

 

 

 

 

 

C.                      Milieu de vie et comportement :

 

La pieuvre commune est répartie dans le monde entier. On la trouve aussi bien dans les eaux tempérées que tropicales ou subtropicales. Seules les eaux des pôles ou subpolaires en sont dépourvues. En Méditerranée, la pieuvre commune est le plus gros octopode de tous ceux qui fréquentent cette mer. L’Octopus vulgaris est également abondant dans l’est de l’Atlantique et au Japon.

Ce mollusque vit le long des côtes, jusqu'à 150m de profondeur.

D’ordinaire, les pieuvres ne se déplacent que pour chercher de la nourriture, ou, tout au plus, pour changer d’abri : vivant en contact étroit avec le fond marin, elles s’appuient souvent sur leurs bras, ou encore, rampent les bras étalés, lorsqu’elles avancent ou reculent sans hâte. Pourtant, elles peuvent aussi se déplacer rapidement par propulsion.

 

·        Propulsion à réaction :

 

Ce système locomoteur unique dans le règne animal, sert surtout aux déplacements rapides. Par la fente palléale, l’eau pénètre dans la cavité palléale, puis les muscles circulaires du manteau se contractent, ce qui ferme la fente et expulse l’eau par l’entonnoir qui émerge en permanence de la cavité. Le courant ainsi créé propulse l’animal dans la direction opposée.

Plus les contractions sont fortes, plus la pieuvre se déplace rapidement, les bras dans le prolongement du corps.

La pieuvre change de direction à son gré en orientant l’entonnoir, très mobile, un peu comme un gouvernail, et il lui suffit d’écarter les bras pour freiner.

 

·        Camouflage :

 

La capacité de ce mollusque de changer de couleur, de façon radicale et instantanée est remarquable. Ceci est dû à la dilatation ou contraction des chromatophores : cellules contenant des graines de pigments qui peuvent être de couleur jaune, orange ou rouge et souvent brun et noir.

 

·        Poche du noir :

 

Pour échapper à un ennemi, la pieuvre bénéficie d’un atout grâce auquel elle dissimule sa fuite. Elle puise une sorte d’encre dans une poche spéciale et en envoie de petits jets. Le nuage noir ainsi dégagé peut persister dix minutes. Présente chez la plupart des céphalopodes, cette poche débouche dans l’intestin tout près de l’anus.

 

 

 

 

D.                      Importance : 

 

·       Dans la chaîne alimentaire :

 

Prédatrices actives, les pieuvres peuvent être à leur tour les victimes d’autres espèces carnivores. Car les céphalopodes représentent dans la chaîne alimentaire marine un maillon d’une importance capitale. Les plus grands consommateurs de céphalopodes sont les cachalots. Les pinnipèdes (phoques, otaries, éléphants de mer) ou de nombreux poissons et oiseau de mer sont aussi des prédateurs potentiels.

Les principaux ennemis des octopodes adultes et vivant en zone côtière sont les congres et les murènes. En outre, il arrive aussi que les céphalopodes s’entre-dévorent.

La période la plus dangereuse dans la vie de la pieuvre est celle qui suit sa naissance ; la mortalité est alors importante.

Par la suite elles seront à la merci des crustacés, mais la croissance de leurs moyens de défense (en particulier le fameux nuage d’encre) leur assureront une bonne protection.

Grand consommateur de crustacés, la pieuvre est considérée par les pêcheurs comme une rivale.

 

·        Economique :

 

Les céphalopodes constituent un élément important dans l’alimentation humaine, en raison de la richesse en protéines de leur manteau.

Dans de nombreux pays, Octopus vulgaris est l’espèce la plus récoltée près des côtes.

L’Espagne et le Japon sont des grands consommateurs de céphalopodes, ainsi que les régions nord-ouest de l’Afrique.

L’importance économique croissante de la pieuvre commune expose l’espèce au danger d’une pêche excessive.

E.                       Vocabulaire :

 

 

Artère                vaisseau sanguin conduisant le sang du cœur vers les organes et les tissus

Artériel               relatif aux artères

Auricule             oreillette

Biochimie          sciences des propriétés chimiques de la matière vivante

Biochimique      relatif à la biochimie

Branchies          organes de ventilation de nombreux animaux aquatiques

Buccal               relatif à la bouche

Bulbe                 organe ou partie d’organe dont le diamètre est plus grand à certains endroits et qui est également globuleux

Caecum             partie initiale du gros intestin

Céphalopode    mollusque tel que la seiche, le poulpe ou la pieuvre, dont le pied est découpé en tentacules garnis de ventouses

Chimie               sciences des caractéristiques et des propriétés des corps

Entonnoir          cavité

Enzyme             substance protéique qui active une réaction biochimique

Hémocyanine    pigment respiratoire contenant du cuivre, qui se trouve dans le sang des mollusques et des crustacés

Incubation         action de couver. Développement de l’embryon dans l’œuf

Protéique          composé d’acides aminés (acides indispensables à la vie) présent dans tous les tissus de l’organisme

Tentacule          appendice allongé et mobile de certains mollusques

Ventouse           organe de succion et de fixation de la pieuvre

Viscères            chacun des organes contenus dans les cavités crânienne, thoracique et abdominale

 

 

 

F.                              Bibliographie :

 

Renata Boucher-Rodoni et Guillemette Véricourt :

La Pieuvre, dans Mers et Océans, collection Vie Sauvage de Larousse, Paris 1995, sous la direction de Christine Sourd

 

Gaëtan du Chatenet :

Les Mollusques, dans l’Encyclopédie visuelle « Les Animaux », Editions Gallimard, Paris 1991, distribué par « Le Soir »

 

Simone Bertrand – Renauld et Jean Mols :

Dans Je construis mes apprentissages en Sciences, au premier degré De Boeck, Bruxelles 2001

 

http://encarta.msn.fr

 

http://hebergement.ac-poitiers.fr/c-cozes/site_eleves/lapieuvr.htm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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